Taux d’intérêt : Et si la déflation arrivait en zone euro ?
BCE : Des taux inchangés, mais le spectre de la déflation se renforce
La hausse des prix s’est élevée à 0,8% en décembre, selon un chiffre provisoire publié mardi, après 0,9% en novembre et 0,7% en octobre. Soit loin de l’objectif poursuivi par la BCE d’une inflation proche de 2% à moyen terme.
"La situation est indubitablement inconfortable" pour la BCE et "elle aimerait certainement voir l’inflation revenir au dessus de 1% le plus tôt possible", souligne Howard Archer, chef économiste Europe chez IHS Global Insight.
Mais "il y a peu de signes que la tendance récente à la baisse de l’inflation globale et sous-jacente (hors énergie et alimentation, ndlr) s’inverse", estime Ben May, de Capital Economics.
Au contraire, la région pourrait souffrir d’un "accès de déflation", spirale de baisse des prix, des salaires et de l’activité qui viendrait compromettre la modeste croissance observée depuis le printemps dernier, selon lui.
Une conclusion qui n’est pas unanimement partagée par ses confrères. Christoph Weil et Jörg Krämer, de Commerzbank, disent ainsi n’avoir "aucune crainte" de voir les prix baisser de façon générale dans la région et pensent que le taux d’inflation ne tombera pas sous les 0,8% au cours des prochains mois.
Quant au président de la BCE, l’Italien Mario Draghi, tout en admettant que les prix resteront bas pour longtemps, il n’a de cesse de répéter que les perspectives sont stables et qu’il n’envisage pas de déflation. Une affirmation qu’il devrait renouveler lors de sa conférence de presse mensuelle de politique monétaire, à partir de 13H30 GMT.
De l’avis de Dirk Schumacher, de Goldman Sachs, il ne devrait donc pas annoncer de nouvelles mesures de soutien à l’économie mais répéter "son mantra +nous sommes prêts à agir+" si le besoin s’en faisait sentir.
Les crédits, préoccupation majeure
M. Draghi a récemment jugé qu’il n’y avait "pas de nécessité d’agir dans l’immédiat" sur les taux d’intérêt, déjà à leur plus bas niveau historique.
Le principal taux directeur de la BCE avait été abaissé d’un quart de point en novembre à 0,25%. Et la BCE a promis de le garder à ce niveau faible ou de l’abaisser encore si nécessaire.
Si elle peut se permettre de rester inactive ce mois-ci grâce au meilleur moral affiché par les entreprises et les ménages, à une stabilisation du chômage -à un niveau toutefois élevé de 12,1% en novembre- et à la hausse de l’activité privée, cela devrait changer dans les mois à venir, relève Ben May.
"La faiblesse persistante de la croissance économique, une monnaie forte aux effets nuisibles et les conditions de liquidités médiocres vont maintenir la pression sur la banque centrale pour qu’elle prenne de nouvelles actions pour soutenir la reprise fragile de la région", estime son collègue Jonathan Loynes.
Le niveau des crédits des banques au secteur privé, qui ont accentué leur recul au cours des derniers mois, pénalisant l’investissement et donc la reprise, constitue l’autre sujet de préoccupation majeur.
La BCE a énuméré plusieurs mesures possibles mais aucune n’est dénuée de risque et ne semble avoir les faveurs de l’ensemble du conseil des gouverneurs, qui vient d’accueillir un 18ème membre avec l’entrée de la Lettonie dans la zone euro le 1er janvier.
Elle pourrait ainsi porter son taux de dépôt -celui auquel les banques peuvent placer leurs liquidités excédentaires dans ses caisses pour 24 heures- en territoire négatif. Ce taux stagne à 0% depuis juillet 2012.
Un nouveau prêt à long terme (LTRO) aux banques a aussi été évoqué mais la BCE veut s’assurer que cet argent serve vraiment à prêter aux entreprises, contrairement aux deux précédents fin 2011 et début 2012.
Quant à la possibilité d’acheter directement des actifs -privés ou publics- sur le marché secondaire,certains de ses membres, dont le patron de la banque centrale allemande, y sont fermement opposés.